Maerten de Vos (1532-1603)

Maerten de Vos (1532-1603),  Licorne
Le peintre flamand Maarten de Vos, spécialiste reconnu en son temps de sujets religieux, de portraits les deux genres picturaux les plus nobles, fut aussi un grand peintre de sujets allégoriques et c'est, à ce titre qu'il dessina, grava, ou peignit plusieurs licornes, créature dont la représentation était très en vague à son époque. 
Bien que controversée, l'origine de cette créature légendaire résulte de l'interprétation de descriptions d'animaux exotiques issue des récits d'explorateurs et notamment de tentatives de représentations de  rhinocéros et d'antilopes. Les premières représentations attestées d'animaux unicornes remontent à la civilisation de l'Indus. Le récit sanskrit d'Ekasringa et les routes commerciales pourraient avoir joué un rôle dans leur diffusion vers le Proche-Orient.
L'existence de la Licorne, sous le nom de monocéros, est connue en occident depuis l'Antiquité grecque par des récits de voyageurs en Perse et en Inde.  Sous l'influence du Physiologus, les bestiaires occidentaux et leurs miniatures la décrivent comme " un animal sylvestre très féroce, symbole de pureté et de grâce, attiré par l'odeur de la virginité ". Le récit de sa chasse, durant laquelle une jeune fille vierge aide les chasseurs à la capturer, se diffuse dans tout l'occident chrétien ainsi que dans une bonne partie du monde musulman. 
A  la fin du Moyen-Âge, la représentation physique de la licorne se fixe dans une créature qui tient à la fois du cheval et de la chèvre blanche, avec un corps équin, une barbiche de bouc, des sabots fendus, et surtout d'une longue corne au milieu du front, droite, spiralée et pointue, qui constitue sa principale caractéristique.
Entre le Moyen Âge et la fin de la Renaissance, la licorne devient l'animal imaginaire le plus important de l'occident chrétien. La croyance en son existence est omniprésente, grâce au commerce de sa corne et à sa présence dans certaines traductions de la Bible. Des objets présentés comme d'authentiques « cornes de licorne » s'échangent, et sont crédités du pouvoir de purifier les liquides des poisons et de guérir la plupart des maladies. Au fil du temps, ces objets sont identifiés comme étant, en réalité, des dents de narval, un mammifère marin arctique. 
Jusqu'au milieu du 19e siècle, on croit plus ou moins à l'existence de la licorne. De tous temps, cette bête légendaire intéresse théologiens, médecins, naturalistes, poètes, gens de lettres, artistes, ésotéristes, alchimistes, psychologues, historiens et symbolistes. Son aspect symbolique, très riche, l'associe à la dualité de l'être humain. Le psychanalyste et philosophe Carl Gustav Jung lui consacre une quarantaine de pages dans Psychologie et Alchimie.
Depuis la fin du 19e siècle, la licorne n'est plus considérée comme un animal ayant pu exister mais figure définitivement dans la liste des créatures imaginaires typiques des contes de fées, illustrés par des oeuvres telles que De l'autre côté du miroir de Lewis Carroll, La Dernière Licorne de Peter S. Beagle, Legend de Ridley Scott, ou encore Unico d'Osamu Tezuka.  
Son imagerie moderne s'éloigne de l'héritage médiéval, pour devenir celle d'un grand cheval blanc « magique », avec une corne unique au milieu du front, une image non dénuée de mièvrerie et a prendre avec une bonne dose d 'humour... surtout quand elle devient la monture favorite de la poupée Barbie !  

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